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le réveil du Mammouth
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30 octobre 2010

Aujourd’hui on est dimanche et j’ai 40 ans...

Je me suis levée ce matin toujours avec le même rituel… j’ai ouvert les yeux, j’ai regardé le plafond en me disant qu’il était toujours aussi blanc que la veille, j’ai fait le vide dans ma tête, ce qui n’était semble-t-il pas très compliqué aujourd’hui, ni les autres jours de la semaine d’ailleurs, et j’ai repensé à mon rêve de cette nuit….

J’étais une aventurière intrépide perdue au milieu de la jungle entrain de me battre contre une tribu d’indigènes féroces… un pistolet dans une main et un arc dans l’autre, oui je sais, c’est logistiquement impossible mais, c’est un rêve, je fais ce que je veux après tout !

Je reprends donc le fil de mon rêve… Je saute dans une pirogue et je rame à tout va vers l’embouchure du fleuve, laissant derrière moi mes assaillants. Devant moi, l’eau à perte de vue, des flèches empoisonnées fusent de toutes parts. Dans ma sacoche, mon trésor, celui pour lequel on risque tout, un trophée inestimable et rare. En fait je ne me rappelle même plus ce que c’était mais je sais qu’il va me rapporter des millions quand je serai revenue vers la civilisation.

Après des heures de solitude sur le fleuve, j’arrive enfin à destination et sur le quai de débarquement, un petit amérindien au teint buriné se penche vers moi pour m’aider à sortir de la barque et il me demande de sa petite voix fluette :

 - Qu’est-ce qu’on mange ?

Qu’est ce qu’on mange ? Mais qu’est ce qu’il me raconte celui là ? Je viens de vivre un véritable enfer contre une horde sauvage de réducteur de têtes, je suis raide épuisée après de longues heures de rame !!! En plus, c’est dommage, pour un rêve, j’aurai pu avoir une pirogue à moteur, c’est idiot franchement ! J’en sais rien, moi, ce qu’on mange… un ragout de Caïman ? Des ailes de tortues panées ?

Et revoilà le sordide du quotidien qui vous rappelle à l’ordre, alors que je suis une aventurière moi ! Je me réveille et j’ouvre les yeux. Je regarde le plafond qui est effectivement bien blanc par un dimanche de novembre, je jette un rapide coup d’œil au réveil et je laisse ma tête retomber lourdement sur l’oreiller…

Zut, midi trente. Maintenant, je me souviens de tout : j’ai fait la fête avec mes copines la veille pour mon anniversaire et le réveil est particulièrement difficile. C’est vrai qu’à quarante ans et mère de famille depuis 15 ans, on est moins alerte, honte à la vieillesse ! Mais, je suis bête, on n’est pas vieille à quarante ans, on est une femme mûre et sure d’elle dont le corps est en parfaite harmonie avec son intellect. On nous fait vraiment gober n’importe quoi !!!

Je jette un rapide coup d’œil au gras double qui s’est logé sur mon ventre et sur mes hanches après mes deux grossesses et mes années de bonne femme d’intérieur. Effectivement, mes jolies rondeurs devrais-je dire, sont en parfaite harmonie avec tête et mon moral dans les chaussettes en ce beau matin d’hiver.

Je me rappelle les paroles de certaines « bonnes amies » bien intentionnées il y a 15 ans

- Mais, c’est chouette la grossesse ma chérie, vas y mange, tu auras tout le temps de faire un régime plus tard ! En plus, c’est MAGNIFIQUE une femme enceinte !

 C’est ça oui, mange ma grande, pour deux ou même pour quatre, goinfres toi de toutes ses sucreries, de ces plats qui contiennent 10 millions de calories par gramme, deviens grosse et laide… « C’est chouette, pour l’allaitement, ça donne un goût sucré au lait et les bébés adorent ça », quelles foutaises, non mais vraiment !

Et en plus, elles disent que la grossesse c’est chouette ?!! Elles étaient où pendant leur grossesse à elle ??? Parce que moi j’étais bien là avec mon gros ventre pendant des mois et il ne me quittait plus… je l’emmenais partout avec moi… A la piscine, pas besoin de flotteurs, entre mon bidon et mes deux airs bags surdimensionnés (il aurait fallu m’inventer une lettre de bonnet rien que pour moi… dommage… Bonnet M, c’était déjà pris !)

C’est sur la grossesse, c’est chouette… mais chez les autres, à moins d’avoir une adoration sans bornes pour les jambes lourdes, les remontées gastriques, les varices et les hémorroïdes... D’ailleurs à ce sujet, mon mari a été affolé quand je lui ai dit que j’en avais… il a confondu hémorroïdes et morpion, ce qui a un peu crée la panique chez lui…

Perdre des kilos plus tard, mais plus tard de combien d’années ? deux ou 18 ? Je le répète, certaines femmes ont vraiment des idées préconçues et c’est souvent les minettes quasi anorexiques qui vous sortent les meilleures phrases du genre : « allaiter fait perdre des kilos ma chérie, regarde moi j’ai allaitée pendant deux mois et j’ai perdu 10 kilos ! un vrai bonheur ! en même temps, j’avais déjà perdu 5 kilos pendant ma grossesse hihihi…»

Oui ben moi j’avais 25 kilos à perdre, alors je me suis dit qu’il me faudrait allaiter un peu plus d’un demi siècle, mes enfants entreraient en fac et que je serai encore là à les attendre à la sortie de l’école pour l’ultime goûter, quelle horreur !

J’ai effectivement perdu le plus gros des kilos avec le temps en souffrant dans des salles de sport sordides et à me priver des mets qui me faisaient le plus de bien au moral. D’ailleurs, vous avez remarqué que les filles les plus maigres sont celles qui se font le plus souffrir. Elles aiment leur corps à tel point, qu’elles sont capable d’endurer les pires supplices : quelles courageuses quand même !

Au final, je ne me sens pas mieux dans ma tête pour autant. Ca ne change rien au fait que j’ai toujours 40 ans aujourd’hui et mon reflet dans la glace me renvoie une image qui ne me plait par pour autant.  Pourtant je me trouve plutôt séduisante avec mon teint mat et mes grands yeux chocolat. J’ai une chevelure assez sympa pour mon âge, pas encore de cheveux blancs, mais ma coupe en pétard et ma gueule de bois me donne dix ans de trop.

Pas grave, on a inventé le maquillage pour ça… Faire un ravalement de façade pour donner l’impression qu’on est plus jeune et fraîche, gommer les imperfections avec la crème pour laquelle je le vaux bien et qui me coute un bras…

 C’est une idée génial le maquillage, et c’est surement un homme qui l’a eu…Il devait en avoir marre de devoir changer de femme tous les 5 ans le pauvre...le « pauvre », on va le plaindre en plus ! J’ai lu quelque part qu’on a retrouvé les premières traces archéologiques de l'utilisation du maquillage dans l'Egypte du IVè millénaire av. JC

Y avait-il déjà à cette époque des femmes de 40 ans aux idées noires qui se demandaient comment séduire le pharaon et devenir pharaone en chef ? Apparemment oui et les temps n’ont pas beaucoup changé finalement !

Mais voici que je m’égare, toutes ces pensées subtiles de bon matin… Ca use le cerveau…Après l’Amazonie et l’Egypte, me revoici, toujours la tête dans le gaz, dans mon lit, face à la plus jeune de mes filles Margaux qui a 13 ans et qui me regarde avec ses grands yeux noisette et son petit sourire qui en dit long sur l’idée qu’elle se fait de sa mère « night clubeuse » à ses heures . Elle me lance une nouvelle fois :

- je disais : qu’est ce qu’on mange, maman ?

… tiens on dirait mon rêve de tout à l’heure… décidément !

- Maman ?!!  t’es réveillée ? ??

- Oui chérie, maman est réveillée… m’entendis- je lui répondre en baillant, l’air hagard et l’haleine pas très fraiche…

- papa demande qu’est ce qu’on mange ce midi !

- non, chérie, on dit : « ce qu’on mange à midi » lui dis-je la tête embrumée par les relents de rhum, souvenir d’une nuit très longue ou très courte d’un certain point de vue.

- oui bref, ca veut dire la même chose ! Alors ? me répond-t-elle avec impatience.

- c’est bon, maman se lève… j’arrive… dis-je en m’étirant autant que faire ce peut.

J’ai toujours détesté l’impertinence mais c’est d’autant plus insupportable quand elle vient de ses propres enfants… On est sensé tout pardonner à sa fille de 13 ans qui est l’amour de sa chaire et pour laquelle on a souffert corps et bien pendant des heures avant une délivrance bien méritée, enfin, je veux dire qu’ on peut « presque » tout pardonner un dimanche à midi trente en plein hiver avec une belle gueule de bois qui ferait presque passer Boris Eltsine pour un mec clean. 

Il y a cinq minutes, j’étais une grande aventurière à l’assaut des secrets de l’Amazone et me voici redevenue mère au foyer, cruel retour à la réalité vers un destin que certaines envient, mais, c’est sur, elles n’ont pas eu d’enfants celles là !

Après un salto arrière et un triple loots sublime, me voici sortie de mon lit, je me précipite dans la salle de bain pour une douche rapide. Je me rends compte que depuis quelques années, en fait depuis que j’ai des enfants, je fais tout très rapidement. Je m’habille, je me brosse les cheveux et les dents de plus en plus vite. C’est peut être ça être une super maman… Ou alors, j’ai oublié de prendre mon temps au fil des années… juste se poser 5 minutes et envoyer balader mari et enfants pour avoir un peu de temps à soi… comme ça sonne bizarre ces petits mots « un peu de temps à soi »…

Je n’ai pas le temps d’avoir du temps. La préparation du petit déjeuner pour toute la famille, jeter les enfants dans la voiture car on est en retard pour l’école, comme tous les matins d’ailleurs, comme si les heures de l’école pouvaient changer tous les jours… rentrer vite à la maison pour faire le ménage, se lancer dans mon passe temps favori : le repassage et autres petites activités follement passionnantes telles que le nettoyage des toilettes et de la vaisselle ; à faire, ceci dit, dans un certain ordre sinon c’est pas très sympa pour ceux qui passent à table.

Et là je regarde la pendule de la cuisine et je me rends compte avec effarement qu’il est déjà l’heure de retourner à l’école pour récupérer les enfants ! Et ça, ce n’est que le lundi… y a aussi les 6 autres jours de la semaine !

Mais revenons à aujourd’hui, dimanche…

Je retourne dans la chambre et je saute dans mon survet noir. C’est une couleur qui mincit, dit-on, alors si en prime, ça me donne l’impression d’être sportive… c’est encore mieux…

 Pas besoin de longues réflexions quand aux couleurs qui m’iraient le mieux, au style qui ferait chavirer le cœur d’un inconnu dans la rue. Un rapide passage dans la salle de bain, histoire de se laver les dents et de redonner à ma coupe quelque chose d’un peu humain

 

…et me voici partie vers la cuisine où m’attendent un mari aimant et mes deux filles, tous heureux  de me retrouver… Me voici leur héroïne, celle qui va les sauver d’une mort certaine… C’est vrai que si je ne fais pas à manger, ils vont tous mourir de faim, c’est sur ! Mais non, famille adorée, super maman est enfin là et je vais tous vous sauver en préparant un super repas !

Haaa, la reconnaissance d’une famille, ça n’a pas de prix !

Ma grande fille de 15 ans me regarde avec son regard exaspéré... Vive l’adolescence !  J’adore les ado avec leur franchise toute naturelle et leur manque de tact…

- Vite mam’ dégrouille, y a Simon et Max qui m’attendent pour aller à la piscine ! Et on a pas encore mangé… Je suis prête depuis une heure ! me crie-t-elle comme si elle parlait à sa copine. Pourquoi elle crie ? on est dans la même pièce et mon mal de crâne qui me fait souffrir de plus en plus… Ca m’apprendra à abuser des mojitos, tiens !

Je ne suis pas sa copine d’abord, je me suis juste laissée déborder par le passage de l’enfance à l’adolescence, juste un petit dérapage mais je vais me reprendre… et bonjour, ça t’étouffe ? Mais je reste royale et je ravale mes paroles qui pourraient blesser l’égo d’une jeune adolescente en pleine croissance… royale, je vous dis !

- je crois que maman est un peu fatiguée les filles, et oui on a plus 20 ans, hein chérie ? me susurre mon mari en passant pour m’embrasser.

Ma fille ainée Camille à 15 ans, ce qui ne me rajeunit pas. Et pour couronner le tout elle est toute pomponnée pour aller à la piscine. Elle a surement passé des heures dans la salle de bain à se maquiller, avec MON maquillage qui me coute lui aussi un bras, à trouver le maillot de bain qui allait « TOUS les faire craquer». C’est dur la vie d’une ado de nos jours, quel emploi du temps de ministre.

Ca me rappelle les phrases types de mon père quand j’avais son âge :

- la maison, c’est pas un resto ! Ici on se plie aux règles ! Tu feras ce que tu voudras quand tu seras adulte et chez toi ! hurlait mon père…

Je me disais naïvement que c’était un vieux con réfractaire et aigri qui n’avait jamais été ado de sa vie et que, c’est sur, jamais au grand jamais, je ne ferai ce genre de réflexions à mes enfants quand je serai adulte…

Je ravale donc mes remarques acerbes, comme convenu 25 ans plus tôt et lui fait des compliments sur sa jolie coiffure… Ses beaux cheveux lissés avec les plaques que je lui ai offert à Noel, et pourquoi faire d’abord ? Elle va se baigner et son brushing ne tiendra pas dix minutes, le temps d’un plongeon dans l’eau chlorée… ensuite bouclettes pour le reste de l’aprèm…

En même temps, je ne suis pas de super humeur, mon crâne va exploser, j’ai un repas à préparer, moi ! Alors ? Gratin dauphinois et gigot d’agneau avec en entrée son petit consommé d’écrevisses ?

Ben, non, je crois que je vais opter pour du rapide, du calant, viiite une idée géniale… pourquoi pas des pâtes avec du ketchup et un bon steack haché tout droit sorti du congélo… C’est aussi, ça être une super maman : répondre aux challenges et le faire à vitesse grand V !

Heureusement, il y a JP, c’est mon mari… mon gentil mari qui m’aime depuis 18 ans, celui qui partage ma vie et qui m’a fait ces deux belles filles, belles à croquer, si franches et intelligentes à faire passer Einstein pour un simple d’esprit. Lui qui est là pour les bons moments mais aussi les mauvais et qui va passer un bon dimanche en ma compagnie, moi qui ne le voit pas de la semaine tant il est pris par son travail…

- Chérie, me dit mon mari en m’embrassant du bout des lèvres, j’ai pas trop le temps aujourd’hui, les copains m’attendent pour le rallye, tu sais je t’en ai parlé toute la semaine, me dit il en préparant son sac… Tu n’as pas écouté comme d’hab’… Bon je file, on mangera sur la route ! A ce soir, bisous ! me jette-t-il en claquant la porte de l’entrée.

Oui, c’est ça, à ce soir, chéri… Tu parles, j’ai qu’une envie, c’est aller me recoucher ! En plus, je crois que tout le monde a oublié mon anniversaire. En même temps, c’est un peu ma faute, j’ai tout fait pour qu’on l’oublie celui là… 40 ans… bisk bisk… on est dimanche et j’ai 40 ans aujourd’hui…

 

 

 

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Commentaires
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